Il a d’abord fallu savoir qu’ils existaient, puis les trouver. Et enfin prendre son courage à demain pour éplucher ces neuf rapports. Plusieurs centaines de pages, de loin pas rédigées comme un roman policier. Pourtant, leur lecture vaut de l’or. Je parle des rapports commandés par le Conseil fédéral peu après la débâcle de Credit Suisse en mars 2023, et très discrètement publiés depuis. Cette catastrophe nationale mérite pourtant un peu plus de bruit. Elle aurait pu se transformer en crise financière mondiale. Pensez donc, une banque de taille systémique qui s’écroule. Au final, près de 18 mois plus tard, force est d’admettre que la vie a repris un cours tranquille. UBS, repreneur de la banque aux deux voiles, continue de surprendre par sa maîtrise de la situation. Est-ce à dire que cette vente forcée fut la meilleure solution? Et surtout, comment faire afin qu’UBS ne soit pas, un jour, à son tour en difficulté? Faut-il augmenter encore le niveau de ses fonds propres, une proposition que la banque aux trois clés combat? Le Conseil fédéral a donné ses réponses, au moins en partie. Il les complètera après les résultats de la commission d’enquête parlementaire, prévus pour la fin de l’année. Cependant, les experts sollicités par le gouvernement ne sont pas forcément d’accord ni avec sa lecture des événements ni avec sa manière d’y répondre s’ils devaient se reproduire. Voilà pourquoi il importe de se plonger dans ces rapports. Mon collègue Jonas Follonier en a tiré une synthèse facile à lire, complétée d’un tableau (magnifique dans la version papier) tout aussi éclairant. Et qui vous fera, nous l’espérons, gagner du temps. C’est bien à cela que sert d’être abonné à L’Agefi! A propos de rapport, il y en a un auquel nous aimerions bien avoir accès. Celui du Chuv de l’année 2023. Le Centre hospitalier universitaire vaudois ne l’a toujours pas publié, ce qui n’est pas courant, comme le révélait cette semaine mon autre collègue Nathalie Praz. Rien de dramatique encore, mais voilà une question supplémentaire qui se pose, en lien avec la gouvernance de cette institution actuellement sans directeur et qui perd de l’argent. Cette situation conduit d’ailleurs le PLR du canton à envisager de relancer le débat du statut du Chuv. Cas unique en Suisse, il fait partie intégrante des services de l’Etat. Une vraie autonomie ne lui ferait sûrement pas de mal. Autre sujet incontournable de la semaine, la proposition du Conseil fédéral de financer la 13e rente AVS à l’aide de la seule TVA. Le gouvernement a surpris tout le monde car ce choix ne faisait pas parti des options qu’il avait mises en consultation. Bien sûr, les employeurs ont poussé un ouf de soulagement puisque les cotisations salariales ne seront donc pas relevées. A gauche, le recours à la TVA a cependant fait l’objet de vives critiques en raison de son injustice sociale. La taxe sur la valeur ajoutée frappe ceux qui consomment le plus. Or les ménages les plus modestes, parce qu’ils ont une propension marginale à consommer plus élevée que les autres (leur revenu est avant tout consacré à leurs besoins immédiats et non à l’épargne qui échappe à cette taxe, pour résumer), sont effectivement les plus touchés par la TVA. L’argument tient, mais seulement en partie. Comme d’autres pays, la Suisse corrige cet effet régressif en appliquant plusieurs taux de TVA. Par exemple, les biens de première nécessité ne sont pas taxés au taux normal de 8,1%, mais seulement à 2,6%. En faveur du relèvement de la TVA, la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider a rappelé avec justesse que les retraités aisés qui n’ont pas besoin de la 13e rente apporteront leur contribution. Sa collègue des Finances lui a peut-être aussi expliqué que cette taxe est une véritable «cash machine» pour l’Etat. Elle coûte peu à collecter (les entreprises s’en chargent), et dispose d’un très fort rendement parce que toute la population y est soumise. La TVA produit d’autres effets sur l’économie, mais nous en reparlerons lorsque l’heure du vote approchera. En attendant, au Parlement de s’en saisir. Une dernière chose avant de vous laisser, cette réflexion sur les négociations salariales, et la meilleure manière de faire augmenter les rémunérations sans déstabiliser les entreprises. La réponse tient en deux lettres. |