Quelle banqueremplacera Credit Suisse, l’établissement de cœur des entrepreneurs depuis sa fondation en 1856 par Alfred Escher?Le libéral zurichois avait alors 37 ans. Aujourd’hui, sa statue trône toujours devant la gare centrale de Zurich, mais la SchweizerischeKreditanstaltcréée pour financer l’essor du rail n’est plus. Absorbée l’an dernier par UBS, Credit Suisse a laissé tomber plus d’un patron, de PME en particulier. Aujourd’hui, les témoignages abondent. Conditions de financement plus strictes, délais de réponse allongés, taux d’intérêt plus élevés… La liste des doléances est longue, comme le montre l’enquête de mon collègue Pascal Schmuck. La banque aux trois clés qui a fait disparaîtreson homologue aux deux voiles a d’autres priorités. Elle se recentre sur la gestion de fortune, qu’elle juge moins risquée. Son CEO Sergio Ermotticontinueaussi de piloter l’intégration des deux établissements aux dizaines de milliers d’employés, une tâche titanesque. Et puis, ne l’oublions pas, les autorités attendent de lui qu’une chose:que le nouveau paquebot bancaire ne fasse pas de vague.Pourtant, par essence, une banque doit prendre des risques,si elle finance ses clients, et à travers eux l’économie dans son ensemble.C'est encore plus vrai pour la nouvelle UBS, dont l’importance est devenue davantage systémique depuis l’absorption de son ex-rivale. Le durcissement de l’accès au crédit actuellement à l’œuvre illustre en réalité l’échecde la réponse des autorités aux problèmes de Credit Suisse. Le Conseil fédéral, la Finma et la Banque nationale pourront toujours dire qu’ils ont évité une crise financière potentiellement mondiale. La vente dans l’urgence à UBS se paie cash à mesure que l’on réalise ce que signifie la perte d’un acteur majeur de la finance helvétique. Alors Alfred Escher,reviens!Cette situation crée des opportunités, que d’autres banques, aujourd’hui encore petites par rapport à ce qu’était l’ex-numéro deux, sauront peut-être saisir. Cette semaine a aussi été marquée par le jeu deschaises musicales au sein de Richemont. Louis Ferla, 51 ans et actuellement à la tête de Vacheron Constantin, succèderale 1er septembre à Cyrille Vigneron, 63 ans, aux commandes depuis huit ansde Cartier, la marque la plus importante du groupe horloger et joailler genevois. A la même date, Catherine Rénier, actuellementà la tête de Jaeger-LeCoultre, reprendra la même fonction chez Van . Elle y remplacera Nicolas Bos, directeur général du groupe depuis leun poste qu’occupait jusqu’alors Jérôme Lambert.Vous suivez?Il reste encore à Johann Rupert, président et actionnaire de référence du groupe- dont la joaillerie représente désormais 70% des ventes -à trouver une personne pourpiloterJaeger-LeCoultre,et le jeu pourra faire une pause. Trouver labonne personne, voilà un défi qui attend désormais aussi Logitech. Et rien n’est facile quand un cofondateur, en l’occurrence Daniel Borel, retiré des affaires mais toujours (petit) actionnaire actif, s’en mêle. L’automne dernier, celui qui conserve le titre de président émérite demandait le départ de Wendy Becker, à la tête du conseil d’administration depuis 2019. Il déplorait notammentla mauvaise performance du fabricant de périphériques informatiques, mais n’avait pas été suivi lors de l’assemblée générale en automne dernier. A-t-il finalement eu toute de mêmegain de cause? L’Américaine,également administratrice de Sony, concurrentdirect de Logitech sur certains marchés, a annoncé ne pas être candidate à sa réélection en 2025. |