L’Union européenne l’a fait. Vendredi, ses Etats membres ont voté et décidé de surtaxer les voitures électriques importées de Chine. L’opposition de l’Allemagne, pourtant la plus grande puissance économique des Vingt-sept, n’y a rien changé. Dans mon éditorial publié hier, j’ai expliqué pourquoi cette décision était mauvaise. A présent, nous pouvons réfléchir à ses conséquences. Commençons par celles en Europe. La division des Etats membres signale un grand affaiblissement de l’UE. Son incapacité à dégager un compromis dans sa relation avec un partenaire économique de premier ordre ne restera pas sans conséquence. En représailles, l’Allemagne ne soutiendra peut-être plus la Politique agricole commune qui lui coûte, mais profite tant à la France (qui défendait les surtaxes). Le couple franco-allemand, une expression qui n’a peut-être eu un sens que du temps de Mitterrand et de Kohl, risque de traverser une nouvelle crise qui desservira l’ensemble du continent. De son côté, Pékin se prépare à riposter, ce que redoutait justement Berlin. Volkswagen, très fortement implanté en Chine, a déjà fait part de son inquiétude. Paris devra pour sa part répondre à la filière du Cognac qui s’estime «sacrifiée». Les représentants des fameux spiritueux s’attendent à ce que l’accès au marché chinois, qui représente un euro exporté sur quatre, leur soit bientôt refusé. Le gouvernement Barnier se sentira peut-être obligé de faire marche arrière si les géants du luxe LVMH, Hermès ou Kering, qui dépendent fortement du consommateur chinois, se sentent à leur tour menacés. Et en Suisse? Pour l’instant, le Conseil fédéral n’entend heureusement pas rejoindre l’UE dans sa guerre commerciale. Les automobilistes suisses font cependant déjà les frais des tensions entre Bruxelles et Pékin. En raison de cette situation, Emil Frey a repoussé sine die la distribution prévue initialement au printemps des voitures de la marque chinoise BYD - qui a détrôné l’américain Tesla en termes de volumes mondiaux il y a environ un an. Mais parlons de ce qui m’a le plus surpris cette semaine. Je m’attendais à ce que l’escalade militaire entre Israël et l’Iran déclenche des ventes massives de titres sur les marchés financiers, au bénéfice de l’or ou du franc. Rien de tout cela ne s’est produit. Le mois dernier, lors de leur débat trimestriel dans L’Agefi, les stratégistes de l’Isag expliquaient cette apparente indifférence des investisseurs à la guerre au Proche-Orient, comme à celle en Ukraine. Parce que ces conflits restent régionaux. Certes, le prix du baril de pétrole a augmenté, mais pas dans des proportions dramatiques.
Une autre raison de ce calme apparent vient probablement du cycle de baisse des taux d’intérêt, qui soutient les cours boursiers. Les excellents chiffres de l’emploi américain, publiés hier, confirment par ailleurs la robustesse de la première économie mondiale. Attention cependant. Tout pourrait rapidement changer si un de ces conflits venait à prendre de l’ampleur. On a déjà vu comment les marchés savent se retourner à la vitesse de l’éclair. |