Nécessité fait loi. Même si toutes les municipalités n’ont pas attendu l’explosion des prix de l’électricité pour couper tout ou partie de l’éclairage public pendant la nuit, depuis la crise énergétique beaucoup de grandes villes ont franchi le pas. Ou sont sur le point de le faire. Selon des modalités et des horaires qui peuvent varier. Ainsi, depuis le début de l’année, Bordeaux éteint 20.000 de ses lampadaires entre 1 heure et 5 heures du matin. Les grands axes, les quartiers considérés comme sensibles et l’hypercentre ne sont pas touchés. Mais la mesure concerne tout de même 57% de l’éclairage public de l’agglomération. Elle s’inscrit dans un mouvement général : 14 municipalités sur les 28 que compte la métropole se sont déjà engagées sur cette voie. Leur principale motivation est bien sûr financière. Rien qu’à Bordeaux, les économies sur la facture annuelle d’électricité se chiffrent à 880.000 euros. Un argument massue pour faire passer la décision auprès des administrés, qui l’associent souvent à un surcroît d’insécurité. Cerise sur le gâteau, les édiles ont beau jeu de rappeler que la réduction de l’intensité lumineuse profite à la faune nocturne. Ces 60% des invertébrés et 30% des vertébrés qui vivent partiellement ou totalement la nuit et dont l’habitat et les déplacements ont été largement perturbés par l’explosion de cette forme de pollution. Sans la crise énergétique, ces « bébêtes » auraient sans doute pu aller se faire voir ailleurs. Mais ne boudons pas trop cette adhésion de circonstance. En espérant que les habitudes prises s’installent dans la durée. Et surtout, que cet effort soit suffisant ! Car une étude dévoilée il y a quelques jours dans la revue « Science » laisse entendre que d’ici à vingt ans le nombre d’étoiles visibles à l’œil nu à certains endroits de la planète pourrait être divisé par deux. La solution viendra peut-être des biotechs. La ville de Rambouillet vient d’inaugurer un dispositif de mobilier urbain bioluminescent mis au point par la start-up Glowee qui produit une lumière très douce à l’aide de bactéries marines. Entre bébêtes, on peut se rendre service !