La Bourse au quotidien

ACTU DU 22 JUIN

▶ Devises - Les pays émergents ont-ils mangé leur pain noir ? (Guillaume Duhamel)
▶ Plan de trade - CAC : rebond de court terme avant chute sur les 5200 points (Gilles Leclerc)
▶ Forex - Un rebond des devises émergentes à l’automne est hautement probable (Jim Rickards)
▶ Marchés - Le Nasdaq de nouveau en fusion (Philippe Béchade)

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DEVISES

Les pays émergents ont-ils mangé leur pain noir ?
Par Guillaume Duhamel

Cher lecteur,

Le phénomène n’a évidemment pas échappé aux cambistes avertis. Depuis de longues semaines, les devises émergentes reculent.

Ce mouvement est largement dû à la politique monétaire américaine, avec une Fed désormais totalement lancée sur la voie de la normalisation et qui aspire à réduire la taille de son bilan. L’institution a déjà remonté deux fois ses taux directeurs cette année. Deux autres relèvements sont attendus cette année puis, a priori, trois l’an prochain avant un ultime tour de vis en 2020.

Comme Eric Lewin l’a expliqué dans le dernier numéro de La Lettre PEA, les desseins de Washington ne servent pas les intérêts des Etats émergents. La normalisation de la politique monétaire et la récente hausse du dollar favorisent en effet la sortie des capitaux de ces pays et la dépréciation de leurs devises. Résultats : pour eux, tout est plus cher à importer car les achats libellés en dollars leur coûtent plus cher.

▶ Les devises émergentes devraient remonter

Ces dépréciations pèsent fortement sur la dette et la charge de remboursement, essentiellement libellée en dollar, s’envole. De quoi éprouver des inquiétudes pour leurs économies... Je pense à la Turquie, dont le déficit des comptes courants s’aggrave et qui est aux prises avec une vive hausse de l’inflation ; à l’Argentine, qui connaît des problèmes comparables et a dû appeler le FMI à la rescousse ; ou encore au Brésil, dont le déficit public pèse désormais 9% du PIB.

Pour autant, Jim Rickards s’attend à ce que les devises émergentes rebondissent cet automne. Il est en effet hautement improbable que la Fed procède à un troisième relèvement de ses taux en septembre. Cette pause – qui s’impose sans doute étant donné que l’économie américaine, par-delà des chiffres de l’emploi officiellement mirifiques, semble en fin de cycle – affaiblira le dollar. Par extension, les devises émergentes devraient donc remonter la pente.

Jim Rickards vous explique le pourquoi du comment dans son article du jour.

Bonne séance à tous et bon week-end,

Guillaume

 

PLAN DE TRADE

CAC : rebond de court terme avant chute sur les 5200 points
Par Gilles Leclerc

La semaine aura été agitée sur les marchés, avec une actualité particulièrement chargée.

Je citerais les précisions données par Mario Draghi sur les modalités de la fin programmée du Quantitative Easing (QE), qui ont envoyé l’euro par le fond ; la révision à la baisse de la prévision de croissance de l’Insee pour la France en 2018 à 1,7%, contre 2% auparavant ; le réajustement de 0,8 point à la baisse de l’objectif de croissance de l’IFO pour l’Allemagne cette année à 1,8% ; et bien sûr le regain de tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.

Résultat : le CAC reculait de 4% sur une semaine roulante à la clôture hier soir et était pratiquement stable depuis le 1er janvier (+0,06%).

A priori, il se situe maintenant sur une zone de support et un signal de rebond de court terme pourrait bien se mettre en place.

Mais avant de repasser à l’achat, il va falloir d’une part évaluer (avec l’analyse des volumes) si les acheteurs osent monter au créneau dans un tel climat. Et d’autre part rester très prudent en termes de gestion de ses actifs, sachant que les tensions commerciales entre les Etats-Unis d’un côté, et la Chine et l’Europe de l’autre, peuvent venir changer la donne instantanément – et sans prévenir.

▶ Les acheteurs restent absents

Cela étant dit et en repartant sur les bases de mon point CAC de la semaine dernière, je vais maintenant vous expliquer pourquoi nous pourrions avoir un rebond de court terme.


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La semaine dernière, nous nous situions au niveau de la petite pastille rouge, en plein sur la résistance du canal vert. J’évoquais alors un biais haussier au niveau de l’analyse, mais préconisait un stand-by sur le plan du trading. Les volumes ne suivaient pas !

C’est pareil cette semaine : l’OBV révèle un flux négatif qui se propage avec une régularité et une constance étonnantes (à l’intérieur du canal baissier rouge).

Il n’y a donc toujours aucun signe des acheteurs qui, pour le moment, ne se montrent pas.

A très court terme cependant (nous sommes toujours en U.T 4 heures), la MACD revient sur le support d’impulsion (rectangle horizontal vert dans la fenêtre de MACD). Ce dernier nous a bien rendu service par le passé (pastilles bleues + flèches vertes) et un nouveau signal positif, s’il est validé, devrait déclencher un rebond du CAC40 à court terme sur les 5400 points.

▶ Un simple pull back : on garde 5200 points en objectif


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Maintenant, en prenant un peu de recul avec la vue journalière, on observe que le CAC vient de valider une « tasse avec anse inversée » (en orange) dont l’objectif théorique (flèches orange pointillées) correspond à la clôture du GAP vers 5 200 points.

Mais souvent, après une première impulsion baissière qui valide la cassure du support, on assiste à un pull back. Or le support était ici autour des 5400 points : cela confirmerait notre signal de rebond donné par la MACD sur la vue 4 heures !

▶ Tout dépendra sans doute des suites de la guerre commerciale

En prenant encore plus de recul avec la vue hebdomadaire, on voit que le CAC vient tout simplement de rejoindre le niveau du pivot « P »,  qui correspond aussi à une zone de résistance graphique de moyen terme (le rectangle horizontal bleu).


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Il serait étonnant que les « Bulls » ne pointent pas le bout de leur museau pour essayer de tenter une petite contre-attaque alors que la dernière impulsion baissière a déjà fait un bon bout de chemin.

En cas de rebond, ne bougez pas tant que la zone de cassure des 5 400 points n’est pas franchie.

En revanche, si le pivot hebdomadaire venait à casser, attention car le marché pourrait accélérer à la baisse et rejoindre les 5 200 points assez rapidement.

Tout dépendra sans doute de l’évolution de la guerre commerciale. Et ça… bien malin celui qui pourrait la prévoir.

Donc prudence…

La situation est actuellement instable, c’est pourquoi je vous invite à ne pas prendre de risques inconsidérés.

Bon week-end,

Gilles

Message d'alerte de Jim Rickards

 

FOREX

Un rebond des devises émergentes à l’automne est hautement probable
Par Jim Rickards

Face au nouveau relèvement des taux auquel la FED vient de procéder, les devises des marchés émergents vont-elles atteindre un plus bas ?

La politique de relèvement des taux et de réduction du bilan que mène la FED depuis décembre 2015 a revigoré le dollar américain, ce qui va généralement de pair avec un affaiblissement des devises émergentes. C’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé dernièrement.

Je suis cependant convaincu que la déroute enregistrée par les devises des pays émergents devrait opérer un brutal retournement technique. Après des décennies consacrées à l’étude des marchés actions et des marchés des changes, je suis étonné que la plupart des analystes ne cernent toujours pas la différence fondamentale qui existe entre les deux.
Sur les marchés actions, les mouvements sont toujours absolus et peuvent être, ou non, relatifs. Sur les marchés des changes en revanche, les mouvements ne sont jamais absolus et toujours relatifs.

Plus précisément, les actions augmentent ou baissent sur une base absolue de manière individuelle, c’est-à-dire qu’elles peuvent ou non évoluer à hausse ou à la baisse de façon synchronisée avec le marché dans son ensemble.
Pour les devises, c’est différent. Lorsque les analystes disent que le dollar « monte » ou qu’il « baisse », cela suppose que le cours du billet vert varie par rapport à une autre devise. Toujours.

En d’autres termes, une devise n’a pas de « cours » absolu : sa valeur est toujours indiquée sur des cours croisés, donc comparée à d’autres devises ou à un indice de devises.

Concrètement, cela signifie qu’une devise ne peut pas « augmenter » sans qu’une autre « baisse ». Il s’agit d’un jeu à somme nulle qui peut parfois se traduire par de fortes ascensions, des plongeons effrayants ou des virages abrupts avant, in fine, un retour au point de départ.

▶ Les guerres des devises : un jeu à somme nulle

Au cours de ces 20 dernières années, la paire euro-dollar a grimpé jusqu’à 1,60$ et chuté jusqu'à 0,80$. Elle oscille actuellement autour des 1,16$, soit au milieu de la fourchette au sein de laquelle elle évolue depuis 20 ans.

La paire EURUSD n’a pas évolué en ligne droite de 80 cents à 1,60$ avant de baisser à nouveau : ces 20 dernières années, elle a enregistré 10 retournements d’environ 20% chacun.

Aujourd'hui, l’euro est pile sur les 1,16$, c’est-à-dire sa valeur initiale lors de sa création sous forme scripturale en 1999.


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Concernant les devises des Etats émergents, il existe énormément de raisons d’être baissier au vu de leurs économies et des perspectives à long terme de leurs devises. Pourtant, le plongeon récent des cours croisés de ces monnaies face au dollar a été entièrement motivé par la conjonction du resserrement de la FED, des différentiels de taux d’intérêt et de la solvabilité perçue.

Or, la Réserve fédérale devra bientôt faire marche arrière, probablement lors de sa réunion de septembre. Cela ne signifie pas qu’elle abaissera à nouveau ses taux, mais simplement qu’elle marquera une pause sur la voie de leur relèvement.

Il se trouve que c’est exactement ce que la FED a fait en 2017 : des relèvements des taux en mars, en juin et en décembre, mais une pause en septembre. Celle-ci conduira à une forme d’assouplissement par rapport aux attentes et cet assouplissement affaiblira le dollar. Or, lorsque le dollar baisse, les devises des EM se renforcent. C’est, une fois de plus, le jeu à somme nulle des taux de change croisés.

▶ Le dollar devrait chuter quand la FED décidera de temporiser

« Les devises des marchés émergents baissent et la couverture médiatique crée une impression de fin du monde. Lors du krach de 2015/2016, cet ETF large axé sur les devises des marchés émergents a chuté de plus de 20%. Le repli récent représente un peu plus de 5%, soit grosso modo l’équivalent de la baisse de l’euro. Un tel sentiment négatif envers un mouvement relativement modeste pourrait constituer une bonne opportunité pour un contrarien », assure Marcelo Perez, chef des opérations chez Alhambra Investment Partners LLC.

En attendant, la livre turque, la roupie indienne et le real brésilien ont été très chahutées dernièrement… Mais ce sont précisément ces effondrements de cours croisés qui rendent aujourd’hui ces devises attrayantes !


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Je pourrais fournir de nombreux autres exemples, mais vous avez compris : d’une manière générale, les monnaies des Etats émergents sont en chute libre face au dollar depuis le début de l’année.

Le billet vert devrait néanmoins chuter à l’automne ou à l’approche de la réunion de la FED de septembre, lorsque les investisseurs prendront conscience que la Fed doit marquer une pause dans ses relèvements des taux.

Lorsque le dollar chutera, les devises des EM opèreront un rally inverse. C'est aussi simple que cela.

Quant à ma politique monétaire actuelle américaine, elle est totalement sans précédent. En effet, la FED ne resserre pas en raison d’une vigueur économique : elle resserre parce qu’elle a besoin de relever les taux et de réduire son bilan afin de se préparer à la prochaine récession.

 

MARCHES

Le Nasdaq de nouveau en fusion
Par Philippe Béchade

« Le spectre de la guerre commerciale déstabilise les marchés », « Wall Street subit son plus sévère sell-off depuis un mois », « La nervosité gagne les investisseurs ». Ce sont quelques-uns des gros titres qui ont fait la une sur les chaînes financières et les sites d'information boursière.

Sauf que, moins de 24 heures plus tard, alors que les commentateurs nous assuraient que les marchés actions étaient désormais au bord du gouffre, le Russell 2000 (cet indice qui regroupe 2 000 small caps américaines et dont Gilles Leclerc vous a parlé lundi) a pulvérisé un nouveau record absolu à 1 707 points, tandis que Nasdaq inscrivait un nouveau zénith à 7 806 points.Les marchés sont tellement tétanisés par la peur d'une dégradation des conditions macroéconomiques qu'ils sont le pied au plancher, incapables de l'enlever de l'accélérateur pour appuyer sur la pédale de frein avant de négocier la prochaine épingle à cheveux.

Pour lire la suite…



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