La lettre des pouvoirs de L’Express, 17 avril 2025 | |
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le Parti pris | Un référendum, des referen-dada | | par Eric Mandonnet Rédacteur en chef du service politique @ericmandonnet Samedi dernier, Emmanuel Macron a eu de la lecture. François Bayrou lui envoie sur sa messagerie l’interview fleuve qu’il accorde au Journal du dimanche. Avec sa suggestion : la possibilité d’un référendum sur le redressement des finances publiques. Dès lors qu’il devra « demander des efforts à tout le monde », il « pense que la question [du budget] est assez grave, assez lourde de conséquences pour l’avenir de la nation, pour qu’elle s’adresse directement aux citoyens ». Il « n’écarte donc aucune possibilité. Le président ne tombe pas de son siège. Cela fait un certain temps que le Premier ministre dans les réunions à l’Elysée comme au cours de conversations directes insiste sur la nécessité d’associer voire de consulter les Français. Le chef de l’Etat donne aussitôt comme consigne à ses équipes : « On la joue propre ! » Dit autrement : il est urgent d’attendre. D’attendre notamment le fameux plan concocté par Matignon. On pourrait croire que les deux hommes vivent chacun dans un monde parallèle. C’est un week-end creux qui s’annonce avec le 1er mai, s’est dit Emmanuel Macron. Qui a donc fait fuiter dans Le Parisien son idée d’organiser une convention citoyenne sur le temps de l’enfant. C’est un week-end creux qui s’annonce, a dû penser François Bayrou. Qui a donc accordé un entretien au JDD. Comme le résume un conseiller de l’exécutif : « Je ne peux pas dire que ça fait séquence de com bien huilée. » Emmanuel Macron, qui, dans ses vœux du 31 décembre, avait indiqué son intention de demander aux Français de « trancher » des « sujets déterminants », s’est interrogé au début de l’année : peut-être faudrait-il organiser sur cette question des finances publiques une convention citoyenne. Avant de renoncer. Mais le président a continué de travailler à des idées de référendum, au point d’avoir beaucoup progressé ces dernières semaines dans sa réflexion. Il pourrait lancer un référendum selon l’article 11 de la Constitution (est concerné « tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent »), avec deux ou trois questions mais un seul bulletin de vote sur lequel chacun cocherait les différentes réponses. Il aura l’occasion de préciser ce qu’il a en tête lors d’une longue émission organisée en prime time sur TF1, le 13 mai – c’est-à-dire à la veille de l’audition de François Bayrou sur Betharram : il interviendra alors sur les questions internationales qui bousculent l’actualité, mais aussi « comme chef de l’Etat en rapport direct avec les Français », précise l’un de ses conseillers. L’Elysée rappelle toutefois l’importance de l’article 47 de notre loi fondamentale : « Le Parlement vote les projets de loi de finances dans les conditions prévues par une loi organique. » A bon entendeur… François Bayrou n’a pas à tendre l’oreille, qui connaît les arcanes de la Constitution. Le référendum « relève d’une discussion entre le gouvernement ou les deux assemblées et le président de la République », souligne-t-il dans une interview à La Tribune dimanche le 2 février, avant d’ajouter : « Je vous rappelle quel est le périmètre constitutionnel dans lequel ces questions peuvent se poser: ce qui est de l’organisation des pouvoirs publics et ce qui est économique et social. » Mais cela fait des semaines qu’il songe à un référendum. Un temps il s’est demandé si le président ne se laisserait pas tenté par une consultation sur des dispositifs secondaires, comme si l’important était d’abord de faire un référendum et ensuite seulement de savoir ce qu’on y mettrait. Tel n’était pas son plan. Lui voulait des « choses grosses, lourdes », expliquait-il déjà en petit comité en mars : « Les gens prendront leurs responsabilités. Ca fait trente ans qu’on ment aux Français ou qu’on les laisse se mentir à eux-mêmes. » Le 28 février, dans le Figaro, il déclare, à propos des retraites cette fois : « J’ai toujours dit que lorsque des questions sont bloquées, lorsqu’il n’y a pas de résolution possible, le référendum est une issue. » Au début avril, il prévient ses proches : « J’ai toujours eu dans un coin de ma tête que peut-être il faudrait un référendum. Ce qu’il y a à faire sur les finances publiques et sur les retraites est tellement lourd que cela ne se fera pas par habileté. » « Entre l’idée d’un référendum et sa concrétisation, on voit que ce n’est pas facile. Nous, on va y arriver, confie un fidèle du chef de l’Etat. Les Français n’en peuvent plus des jeux parlementaires politiciens, lui va leur parler de ce qui les intéresse vraiment au quotidien. » Chaque semaine, Emmanuel Macron et François Bayrou se voient en tête-à-tête, et rien ne filtre vraiment de leurs échanges. Un ami du président résume : « Depuis 2017, leurs relations sont caractérisées par deux points : respect et rapport de forces. » Deux lignes qui ne se croisent jamais, on appelle cela des mondes parallèles. | |
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Manuel Valls agace Emmanuel Macron… Actuellement en Nouvelle-Calédonie, pour la troisième fois depuis sa nomination en décembre dernier, le ministre des Outre-mer “énerve fort” le président de la République, selon un proche de ce dernier. L’Opinion a raconté l’appel à la prudence du chef de l’Etat qui craint de voir Manuel Valls conduire trop vite l’archipel vers l’indépendance, et faire ainsi échouer le processus. En réalité, c’est surtout l’indépendance de son ministre qui irrite Emmanuel Macron. “Valls n’a pas le mandat ni la légitimité pour agir”, griffe-t-on dans l’entourage du président qui, soudain, semble rêver d’être ministre des Outre-mer. Que le mandat présidentiel paraît étriqué parfois ! | > Retrouvez les indiscrets de L'Express |
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| Le portrait de la semaine |
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