AprĂšs Parfum dâIrak, fascinant objet littĂ©raire rĂ©compensĂ© par le Prix Albert Londres en 2019, le grand reporter franco-irakien Feurat Alani nous offre aujourdâhui son premier roman. Je me souviens de Falloujah est une variation poĂ©tique et sensorielle sur la mĂ©moire qui, si elle ne dit pas toujours la vĂ©ritĂ© des faits, relate toujours celle du cĆur. Ce roman est aussi et surtout une bouleversante lettre dâamour dâun fils Ă son pĂšre, un fils prĂȘt Ă tout pour reconstituer la mĂ©moire fragmentĂ©e de cette figure tutĂ©laire et mystĂ©rieuse tant aimĂ©e. Une quĂȘte identitaire aux rĂ©sonnances universelles. Ă hauteur dâhommes « Ne sois pas comme les autres. Essaie de faire ce que tu ne sais pas faire. Essaie dâaller lĂ oĂč on ne tâattend pas. » Ce prĂ©cepte Ă©dictĂ© par son pĂšre se lit dans la passionnante carriĂšre du grand-reporter Feurat Alani. Sur le terrain en Irak en 2003 alors quâil nâa mĂȘme pas terminĂ© ses Ă©tudes ; aux cĂŽtĂ©s des sans voix pour raconter les dessous ignorĂ©s dâune guerre sale et injuste ; ou bien sur la scĂšne du Prix Albert Londres en 2019 pour recevoir le prestigieux trophĂ©e rĂ©compensant Le Parfum dâIrak, Ă©tonnant recueil de 1000 tweets racontant la perte dâun Irak rĂȘvé⊠Feurat Alani casse les codes et se joue des cadres, imaginant un journalisme Ă hauteur dâhommes. Il se fait aussi « archiviste et gardien des mĂ©moires » collectant et enregistrant les soubresauts du temps, tout en cherchant Ă comprendre, expliquer et simplifier les choses afin de rendre son message le plus universel possible. Mais lĂ oĂč le reporter maintes fois confrontĂ© Ă lâabsurde violence des hommes ne sâattendait pas Ă ĂȘtre, câest dans cette chambre dâhĂŽpital numĂ©rotĂ©e 219, faisant face Ă la maladie et Ă lâamnĂ©sie de son pĂšre. Câest dans cette chambre 219 que vont naĂźtre le besoin et lâurgence de repartir sur les traces de ce paradis perdu quâĂ©tait lâIrak de ses parents, « ses Ă©chappĂ©s dâOrient », ses exilĂ©s, et de lever le voile sur les secrets et les non-dits de cette figure paternelle tant admirĂ©e. Parce que le temps passant, la mĂ©moire vacille et le cĆur relit lâhistoire Ă la lumiĂšre de sa propre subjectivitĂ©, Feurat Alani a choisi la poĂ©sie du roman pour remettre de lâordre dans les feuillets volants et les pages blanches de lâhistoire de leurs vies...  |