Entreprises, tech, climat… La lettre économique qui va plus loin
 ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ ‌ 
Entreprises, tech, climat… La lettre économique qui va plus loin que l'info
Entreprises, tech, climat… La lettre économique qui va plus loin que l’info, 24 juin 2024
L'EDITO
Uranium : le vrai problème n'est pas le Niger
par Sébastien Julian
Rédacteur en chef adjoint Climat et transitions
Clap de fin pour Orano au Niger. Le groupe français s’est vu retirer son permis d’exploitation de la mine d’Imouraren - l'un des plus grands gisements d'uranium au monde - par le régime militaire en place. A court terme, ce camouflet ne devrait pas beaucoup impacter la France. La décision était anticipée. “Le Niger avait déjà baissé d'importance dans le portefeuille d'achat d'EDF ces dernières années”, expliquait récemment Teva Meyer, géographe et spécialiste en géopolitique du nucléaire, à L’Express.

“Même si la France perdait la totalité de l’approvisionnement du Niger - elle exploite encore le site dans la région d'Arlit - on pourrait facilement compenser en faisant venir davantage de combustible depuis l'Ouzbékistan le Canada”, estime l’expert. Enfin, les temporalités dans le nucléaire ne sont pas celles du gaz ou du pétrole. Entre le moment où l'uranium est extrait d’une mine et le moment où il est utilisé dans une centrale, il peut se passer cinq ans. Il n’y a donc pas de rupture d’approvisionnement à craindre dans l’immédiat. D’autant que la France dispose d’un stock d’uranium stratégique, dont le montant en volume est tenu secret. 

En apparence donc, la France garde le contrôle et les déboires d’Orano au Niger ne créeront pas beaucoup de vagues. En coulisse pourtant, certains spécialistes tirent la sonnette d’alarme. Car les vraies inquiétudes portent sur les prochaines décennies. Comme l’indique Claire Kerboul, docteur spécialisée en physique nucléaire et auteur de L’Urgence du nucléaire durable (De Boeck supérieur), “de plus en plus de pays vont se tourner vers l’énergie nucléaire. Avec des conséquences concrètes sur l’approvisionnement. Si on prend les engagements de la dernière COP au pied de la lettre et que 20 pays parviennent à tripler rapidement la puissance mondiale, on touchera le "plafond" des ressources identifiées récupérables dès 2040-2050. Dans cette hypothèse, qui prendra le risque de démarrer un EPR dont la durée de vie est d’au moins 60 ans" ?

Actuellement, l’uranium extrait du sol ne répond qu’à 75% des besoins dans le monde. Nous entrons donc dans une période de tensions. “Quoi qu'il arrive, il va falloir que l'on reprenne les investissements. Il ne faudra pas se rater sur cette partie”, confirme un cadre de la filière minière. La Chine se positionne déjà pour rafler l’uranium du Kazakhstan et d’autres pays producteurs, devenus stratégiques. Avis au futur ministre de l’Energie : Il est temps pour la France de regarder au-delà du Niger et de se pencher sérieusement sur les réacteurs à neutrons rapides, capables de fonctionner avec nos déchets radioactifs.
Les articles à ne pas rater

Economie de guerre : deux ans après les promesses de Macron, la France toujours loin du compte

> Lire l’article
 

Les dangers du Smic à 1 600 euros : "Ce ne serait pas un coup de pouce mais un coup de poing"

> Lire l’article
 
Le chiffre

-5,8%

Edition du 20 juin
Jordan Bardella, le mystificateur
Lire la version numérique

Si vous aimez cette lettre d’information, n’hésitez pas à nous faire des retours (sjulian@lexpress.fr) et à la faire connaître autour de vous. Retrouvez tous les articles des rubriques Economie, Tech et transformations, Climat et Transitions sur le site de L'Express.

Télécharger l’application L’Express sur votre mobile
Suivez-nous :
Vous êtes inscrit(e) à la newsletter 13h Éco, si vous ne souhaitez plus la recevoir, cliquez sur ce lien.
Conformément à la législation en vigueur vous bénéficiez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des informations qui vous concernent. Pour l'exercer, consultez notre Politique de protection des données personnelles.
Cet e-mail contient des scripts destinés à l'analyse statistique sauf opposition de votre part, cliquez sur ce lien