Valse à trois temps Facebook, Twitter, Snapchat : la valse des politiques de modération se poursuit. Après la décision de Twitter de censurer les messages polémiques du président américain « Quand les pillages démarrent, les tirs commencent »),
Snapchat a emboîté le pas au réseau à l'oiseau bleu, en décidant de ne plus mettre en avant les contenus de Donald Trump. De son côté, Facebook entend respecter son sacro principe de neutralité, sous couvert de liberté d'expression et d'informer. Une décision qui ne plaît pas à tout le monde...
Facebook, le refus d'être un « arbitre de la vérité »Certains annonceurs se retirent momentanément de Facebook,
révèle The New York Times. Une décision prise après le refus de Mark Zuckerberg, patron du réseau social, de modérer des propos de Donald Trump – incitant à la violence et à la désinformation. Nike, Anheuser-Busch et d'autres auraient chacun réduit leurs dépenses quotidiennes sur Facebook et Instagram de plus de 100 000 dollars début juin, selon la plateforme d'analyse publicitaire Pathmatics.
Plusieurs petits annonceurs ont décrit leur « break » avec Facebook comme une protestation contre la plateforme et ses filiales. Simris, une entreprise suédoise de culture d'algues,
a écrit dans un post sur LinkedIn qu'elle était «
vitalement dépendante du marketing numérique », mais ne souhaitait pas «
continuer à activer un système malade avec nos fonds ». Rappelons que Facebook génère 98 % de ses revenus grâce aux publicités. Au cours de son dernier trimestre, le groupe a généré
17,4 milliards de dollars de chiffre d'affaires de cette activité.«
Nous ne voulons pas être des arbitres de la vérité », a déclaré Mark Zuckerberg,
alors que plusieurs employés de l'entreprise ont fait part de leur désapprobation avec cette neutralité. Censurer les propos violents, un geste démocratique ?Ces prises de position soulèvent le débat. « Censurer les propos violents est-il un geste démocratique ? »,
s'interroge Public Sénat. Selon Romain Badouard, maître de conférences en sciences de l'information et de la communication, dans cette polémique, «
chaque camp détient une part de légitimité. Si, d'un côté, il paraît pertinent de modérer des propos violents, la légitimité de cette censure pratiquée par une entreprise privée pose question. Au lieu de féliciter la prise de position "progressiste" de Twitter, ne vaudrait-il pas mieux, plutôt, veiller à ce que nos démocraties ne perdent pas totalement le contrôle sur ce pouvoir de censure ? »
En attendant
Twitter souhaite que ses utilisateurs lisent vraiment les contenus qu'ils s'apprêtent à partager. Pas bête.