VivaTech 2023 : show Musk go on! Organisé du 14 au 17 juin, à la porte de Versailles, Viva Technology referme ses portes aujourd'hui. Cette année encore, Story Jungle était présent pour vous raconter le plus grand salon européen dédié à la tech. 2500 exposants venus de 146 pays, plus de 100 000 visiteurs attendus et, surtout, deux invités incontournables : l'IA sous toutes ses coutures, évidemment, et puis Elon Musk un peu aussi... « Je ne suis pas le mal, j'ai juste beaucoup d'imagination » « La crystal meth fait faire de grandes choses ! Si vous croyez que Red Bull donne des ailes... » La blague est osée, le ton est donné. Oui, Elon Musk était particulièrement détendu vendredi après-midi sur la scène du Dôme de Paris réservé pour l'occasion. Après un rapide crochet par l'Élysée en Tesla, pour rencontrer Emmanuel Macron – qui a d'ailleurs donné le coup d'envoi de ce VivaTech en promettant de débloquer 500 millions d'euros pour doper sa feuille de route en faveur de l'IA –, après un déjeuner entre grosses fortunes mondiales avec Bernard Arnault, patron de LVMH, le boss de Twitter est donc descendu hier, tel le Messie, porte de Versailles, pour répondre aux questions de Maurice Lévy, organisateur du salon. L'évènement dans l'évènement. Pendant plus d'une heure, toutes les bonnes questions ont été posées. Ses objectifs pour SpaceX ? « Nous voulons étendre la vie au-delà de la Terre, c'est important, c'est une mesure de défense. Il se peut que nous soyons les seuls êtres conscients dans cette galaxie, une petite flamme fragile et nous devons tout faire pour la maintenir... » Le rachat de Twitter ? « Je voulais protéger la civilisation de son aspect corrosif (sic). C'est important de pouvoir dire les choses qui dérangent, sinon il n'y a pas d'intérêt à la liberté. Si tout le monde n'a pas une vraie liberté de parole, c'est de la censure. Twitter est redevenu une force positive pour la civilisation ». L'IA ? « Je suis favorable à une régulation de l'IA, je la recommande fortement. Mais je ne crois pas que quiconque serait d'accord pour faire une pause. Il y a un véritable danger avec l'intelligence artificielle. Si nous ne faisons pas attention, nous pourrions voir des conséquences très négatives. Même si l'essentiel est positif. » Les implants cérébraux Neuralink ? « Si tout se passe bien, nous allons réaliser notre première implantation sur un humain tétraplégique cette année » Est-il l'incarnation du mal ? « J'ai une auréole au-dessus de la tête. Les ailes sont là, mais plus difficiles à voir. Je ne suis définitivement pas le mal incarné, ça c'est sûr. J'ai juste beaucoup d'imagination... » L'IA à la française Même Antoine Arnault, fils de Bernard, est monté sur scène pour poser sa petite question. Après avoir expliqué comment il a tenté de créer une pub avec Midjourney, il a demandé si l'IA allait détruire l'industrie de la publicité et de la production de contenus ? Réponse d'Elon Musk : « L'IA est la technologie la plus disruptive. Les humains sont la plus intelligente des créatures et pour la première fois, il va y avoir quelque chose de plus intelligent que l'humain. Je crois que nous vivons dans la période la plus intéressante. Tesla développe des robots, et nous les avons appelés T-800... (le modèle du Terminator joué par Schwarzy dans le film de James Cameron, ndlr) » Rires gras. L'intelligence artificielle était sur toutes les lèvres et, match à domicile oblige, la French Tech voulait montrer les muscles. Du débat organisé entre Jacques Attali et Yann Le Cun, responsable du laboratoire d'intelligence artificielle de Meta, à Miroka – le robot humanoïde actuellement en test dans les hôpitaux de Paris –, en passant par LightOn – la startup tricolore qui espère concurrencer ChatGPT avec sa plateforme Paradigm –, et Jumbo Mana – boîte alsacienne dont l'IA a ramené Van Gogh à la vie pour le modéliser en 3D et lui permettre de répondre aux questions des curieux –, les Bleus ont fait le jeu. Au passage, avec les JO de Paris organisés l'année prochaine, les entreprises qui préparent le futur plus ou moins proche du sport, en proposant toutes sortes d'innovations technologiques, avaient une place bien plus importante cette année. Tout comme celle des femmes dans la tech, avec la création du premier village femtech de l'histoire du salon sous l'impulsion de l'association FemTech France. Et puisque le pays à l'honneur cette année était la Corée du Sud (après l'Inde en 2022), Neubility, fière startup de cette nation aux quatorze licornes, nous a présenté un robot livreur de... crêpes. La boucle est bouclée. On notera toutefois une année sans doute sous contrainte pour les marques : moins de stands d'entreprises avec leur essaim de startups, des stands plus petits, et des marques qui manquaient à l'appel. Quand on vous parle de sobriété... | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | « Les plus jeunes générations, qui ont grandi avec les réseaux sociaux, accordent souvent davantage d'attention aux influenceurs ou aux célébrités qu'aux journalistes, même quand il s'agit d'informations. » C'est l'un des principaux enseignements tirés du rapport 2023 du Reuters Institute pour l'étude du journalisme, rattaché à la prestigieuse université anglaise d'Oxford, qui vient tout juste de sortir. Comme chaque année, ce rapport sur l'information numérique s'appuie sur des sondages en ligne. Pour cette édition, c'est la société YouGov qui a interrogé 94 000 personnes dans 46 pays. Pourquoi c'est un pavé ? Parce que ce rapport accentue le constat que, dans l'esprit des plus jeunes, l'info n'est plus l'apanage des journalistes. La majorité des utilisateurs de TikTok, Snapchat et Instagram (respectivement 55%, 55% et 52%) dit accorder son attention aux influenceurs ou aux célébrités pour s'informer. Notamment sur TikTok, le géant chinois utilisé par 20% des 18-24 ans (+5 points par rapport à 2022, soit la plus forte croissance tous réseaux confondus sur cette tranche d'âge), que l'Occident accuse d'espionnage et cherche à bannir. Et la France n'est pas épargnée. Le recours à TikTok pour s'informer y progresse globalement de 8%, et atteint même 15% chez les 18-24 ans. Et, pendant ce temps-là, la grande déconnexion continue : 8% des Français avouent n'avoir utilisé aucune source d'information au cours de la dernière semaine (avant le sondage), 36% seulement se déclarent « très intéressés par l'information » (contre 59% en 2015), quand 69% se disent dans « l'évitement actif d'informations » et confessent éviter les lieux où des écrans diffusent les chaînes infos, scroller dès que ce qui ressemble à une information apparaît sur leur fil, etc. « Un changement beaucoup plus fondamental pour l'industrie de l'information que le passage au numérique lui-même », estime Rasmus Kleis Nielsen, directeur du Reuters Institute. Pour nos sociétés aussi... | UN FORMAT À LA LOUPE | | | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | Alternative à la célèbre carte Ticket Restaurant, la Swile Card regroupe tous les avantages qu'une entreprise peut proposer à ses salariés dans un seul bout de plastique. Dès lors, lorsqu'un DRH refuse de la mettre en place, il s'expose à une grosse vague de mécontentement et, depuis peu, à recevoir anonymement... plein de petits bonbons colorés. Oui, parfaitement. L'astuce réside dans la nouvelle activation lancée par la marque, qui invite les salariés frustrés à soudoyer leur DRH en lui envoyant des paquets de Swits – les bonbecs inventés par Swile qui donnent leur nom à la campagne – via un site spécialement créé pour l'occasion où l'on peut lire : « Corrompre votre DRH n'a jamais été aussi bon(bon). » Pour pousser plus loin le réalisme, l'activation comprend également une série de vidéos mettant en scène des (faux) témoignages de DRH, silhouette noire et voix trafiquée comme dans un mauvais docu d'une chaîne de la TNT, qui racontent comment ils ont cédé au chantage – « Au début, je me suis dit : "Allez, un petit bonbon, franchement, ça n'engage à rien." Et finalement, deux mois plus tard, je me retrouve à commander Swile pour ma boîte... » – et pourquoi ils ne regrettent rien – « Non, vraiment, je sais que c'est moche, mais je suis presque fière de m'être laissé corrompre... » Malin ! | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Quatre ans d'attente. Quatre longues années passées à scruter les médias spécialisés pour déterminer quand elle pointerait le bout de son prochain épisode. Et puis, au bout, la délivrance : la sixième saison de Black Mirror, l'anthologie créée par Charlie Brooker, est enfin en ligne depuis le 15 juin sur Netflix. Composée de cinq épisodes – soit deux de plus que la saison précédente –, cette nouvelle saison s'offre un casting clinquant (Salma Hayek Pinault, Josh Hartnett et Aaron Paul, acteur star de la série Breaking Bad) et verse parfois dans le fantastique sans dénaturer pour autant son ADN fondé sur l'anticipation et l'extrapolation. On y trouve même un épisode sur la création de contenus que, chez Story Jungle, nous avons évidemment beaucoup apprécié... « Le succès de Black Mirror vient du fait que la série est conforme à la promesse de son titre : un aperçu de notre véritable reflet, renvoyé par l'écran lisse et noir de nos smartphones », rappelle le magazine Wired, à qui Charlie Brooker vient d'accorder une longue interview. « D'une manière générale, je suis favorable aux nouvelles technologies. Nous allons probablement en avoir besoin pour survivre, alors je ne prétends pas tant émettre des avertissements que des inquiétudes. [...] Ce sont peut-être des scénarios du pire », concède le créateur de cette anthologie d'anthologie, avant de faire remarquer que les géants de la tech font de même en interne : envisager le pire pour prévenir les risques des technologies qu'ils développent. Et lorsque le journaliste de Wired sourit en avançant que ces firmes commercialisent souvent leurs produits malgré tout, Brooker s'emballe : « C'est précisément ce qui m'effraie. Allez-y, les gars ! Multipliez les révolutions techniques sans garde-fou et... "Oh merde, oups, on a tué tout le monde !" » Spoiler Alert ? |
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