VivaTech : les GAFA, polies mais fermes
Après deux ans d'absence, VivaTech, grand salon de l'innovation technologique, rouvre ses portes – avec une jauge de 5000 personnes, précautions oblige. Depuis mercredi 16 juin, tout le petit monde de la tech s'agite au gré des innovations, des conférences avec les boss des GAFA (Tim Cook, Mark Zuckerberg) et des prises de paroles des politiques (Cédric O, Frédérique Vidal, Thierry Breton), dans un temps où « l'optimisme prudent est permis » selon un Emmanuel Macron volubile. Morceaux choisis d'une cinquième édition, entre physique et digital.
La guerre aux règlementations européennes Derrière les politesses de circonstance (« so glad to have you hear », répété environ mille fois), Tim Cook, PDG d'Apple, et Nick Clegg, responsable des affaires internationales et de la communication de Facebook (et ancien vice-Premier ministre du Royaume-Uni), ont fait la guerre – tout sourire – aux règlementations européennes. Dans le viseur ? Le Digital Services Act (DSA, sur la modération des contenus) et le Digital Markets Act (DMA), dont le but affiché est de limiter et encadrer le pouvoir économique des grandes plateformes, et mettre de l'ordre dans le « far west » numérique. Tim Cook a ainsi indiqué que le règlement de la Commission européen pourrait nuire à la sécurité et à la confidentialité des Iphones.
S'il reconnaît – seulement en partie - le bien-fondé du DSA, le DMA n'aurait que des aspects négatifs sur la sécurité de l'IPhone : « Nous espérons trouver une solution (...) Quand quelque chose n'est pas dans l'intérêt de nos utilisateurs, c'est notre responsabilité de le dire. [Le DMA] fera du mal tant à la sécurité, qu'à la protection des données (...) Il mettrait en œuvre le side loading sur l'iPhone (ndlr : la possibilité de télécharger des applications sans passer par un magasin d'application officiel) ».
Or, Apple souhaite garder une mainmise complète sur ses iPhones : « Il n'y a qu'un seul App Store et toutes les applications sont examinées avant d'arriver dessus. Cela nous permet d'éviter énormément de logiciels malveillants. Il y a 47 fois plus de virus sur Android que sur notre écosystème iOs », plaide Tim Cook, lançant au passage une jolie pierre dans le jardin de Google.
Du côté de Facebook, c'est Nick Clegg qui a fustigé les règles européennes, les assimilant à une « camisole de force rigide ». Il a par ailleurs ajouté que « les contenus haineux ne représentent que 0,05% des contenus sur notre plateforme. J'aimerais bien sûr que ce soit 0%, mais on voit bien que leur prévalence n'est pas aussi importante qu'on le dit ».
Pendant ce temps, Mark Zuckerberg s'aventurait sur un terrain moins dangereux en s'extasiant sur les vertus de la réalité augmentée et de la réalité virtuelle : « une révolution informatique au même sens que l'ont été le PC et le smartphone ».
En parallèle, Thierry Breton, commissaire européen chargé du Marché intérieur et du numérique arpentait tranquillement les couloirs de Vivatech,
après avoir estimé mardi 15 juin qu'il serait possible d'établir un accord à l'OCDE pour instaurer une taxation des plateformes numériques au niveau mondial.
« La charge des bigs techs US contre le DMA démontre la pertinence de l'ambition de la Commission européenne. L'Union Européenne doit réguler les plateformes systémiques sans trembler. C'est la maîtrise des dépendances futures de l'économie européenne qui est en jeu »,
conclut Henri d'Agrain délégué général du Cigref.