Le cinéma est passé par de nombreux formats d’image. Ces rapports entre la hauteur et la largeur, que l’on a appelé ratios, étaient à l’origine proche du carré avec un rapport 1,33 :1 ou 4/3 en télévision. Puis les ratios se sont étirés avec notamment le mythique Cinémascope (2,39 :1). Il est bon de savoir que le Cinémascope, invention française basée sur la technologie Hypergonar d’Henri Chrétien, a été cédé à la 20th Century Fox en 1953. Cette technologie nécessitant des optiques anamorphiques au tournage et à la diffusion a toujours le vent en poupe. La vidéo haute définition a été une grande innovation de rupture : elle a enterré le format 4/3 et a permis le développement du 16/9 en télévision. Aujourd’hui, tout en restant sur ce ratio (du moins à la télévision) de nouvelles références d’images s’imposent : les capteurs ne cessent de gagner en pixels et en taille ce qui permet de jouer sur la sensibilité et sur la profondeur de l’image avec le fameux effet bokeh… Ce terme vient du japonais « boke » signifiant « flou » et dérivant du verbe « bokeru » qui pourrait se traduire par « être hors de focus ». Les directeurs de la photographie vont travailler sur cet effet pour magnifier un visage, faire ressortir un détail, vous immerger dans l’image. Le bokeh est différent selon les optiques, chaque constructeur a une signature qui permet de travailler l’image comme le ferait un peintre avec un pinceau sur la toile. Si la salle de cinéma privilégie l’image au format paysage, d’autres tendances émergent, découlant de la consommation d’images au smartphone et des réseaux sociaux. Ainsi voit-on apparaître des productions au format 9/16 ou verticales dont les images ont été tournées avec une caméra. D’ailleurs les nouveaux modèles de caméras possèdent nativement des pas de vis pour y fixer des accessoires permettant de filmer verticalement. La directrice de la photographie Pascale Marin, qui a tourné en 9/16 la série Patience mon amour à destination d’Instagram, produite par Laurent Duret pour Bachibouzouk, nous relate dans ce magazine son expérience. Un professeur qui enseignait la mise en scène dans l’école de cinéma où j’étais étudiant distribuait une liste d’une centaine de films ayant, à son sens, marqué l’histoire du cinéma. Entre classique, nouvelle vague, fantastique, science-fiction, polar, les réalisateurs identifiés, « disrupteurs » de l’image, cassaient tous les codes pour faire jaillir des idées nouvelles. Casser les codes et s’approprier de nouveaux usages, voilà en effet des ingrédients que l’on retrouve généralement dans les chefs œuvres… Avec sa proposition de Classe Alpha, permettant à une centaine de jeunes de se former sans a priori au langage audiovisuel et aux outils inhérents, l’Ina prépare le terrain… Aujourd’hui, filmer n’est plus réservé à une élite : tout est sur la table, un smartphone, un appareil photo, une caméra vidéo, un peu d’éclairage et de son et vous pouvez vous lancer… Tout le monde peut produire des images, d’où la nécessité d’être curieux, de regarder des films encore et encore, de lire les témoignages, de découvrir les nouveautés technologiques… Ne restez pas enfermé (en tous cas dans votre tête !), cassez les formats et créez ! Stephan Faudeux, Directeur de Publication |