Quelle semaine désolante pour la Suisse! Annoncée avec maladresse ce lundi de Pâques, l’éviction soudaine de Klaus Schwab du Forum économique mondial (WEF) laisse une impression de chaos. Peu importe ce qui s’est réellement passé – une enquête interne lèvera peut-être le voile –, c’est un immense gâchis. Pour l’institution. Pour son fondateur, privé d’une sortie à la hauteur de ce qu’il a bâti et alors qu’il dément toutes les accusations formulées contre lui. Et pour la Suisse, qui voit l’une de ses vitrines internationales soudainement fragilisée. Car non seulement la réunion annuelle de Davos place la Confédération au centre de la carte du monde pendant une semaine (rappelez-vous de l’intervention de Donald Trump, trois jours seulement après son investiture). Le WEF, c’est aussi une organisation (à but non lucratif, rappelons-le aussi) importante enracinée à Genève, qui travaille toute l’année à faire dialoguer les Etats, les entreprises et la société civile. Une sorte de diplomatie parallèle, plus précieuse que jamais à l’ère Trump 2.0. Le Forum cultive un esprit de coopération, de confrontation constructive des idées, qu’on appelait encore il y a peu «l’esprit de Davos». Mais où celui-ci est-il passé? La brutalité de la mise à l’écart de Klaus Schwab, sans succession claire (et potentiellement sous la pression d’un chantage), a de quoi inquiéter. Le WEF reste-t-il crédible? Pourrait-il même quitter la Suisse? La promesse d’Alois Zwinggi, un des sept membres de la direction, de maintenir le siège à Genève et la réunion annuelle de Davos («cela fait partie de notre ADN») rassure – un peu. Mais on a vu récemment d’autres départs que l’on pensait impossibles, comme celui du siège de la multinationale SGS à Zoug. A qui pourrait revenir la mission de ranimer l’esprit de Davos? Peter Brabeck, l’ex-président et ex-CEO de Nestlé, désormais président par intérim du WEF, cherche la personne idoine. Le nom de Philipp Hildebrand circule. L’ancien président de la BNS, aujourd’hui chez BlackRock, connaît les enjeux globaux, manie les codes de la haute diplomatie économique, et s’était présenté en 2021 pour reprendre, sans succès, le secrétariat général de l’OCDE. Pendant sa campagne, il déclarait vouloir répondre aux défis technologiques et climatiques, favoriser une croissance plus forte et inclusive, et redynamiser la coopération internationale. Tout ce dont le WEF a aujourd’hui besoin. Encore faut-il que l’ancien cadre de l’UBP en manifeste l’envie. De son côté, la Suisse a elle aussi intérêt à renforcer son «soft power» auprès des Etats-Unis. Cette semaine, les conseillers fédéraux Karin Keller-Sutter et Guy Parmelin étaient à Washington pour convaincre l’administration américaine de ne pas imposer de nouveaux droits de douane. Or, le WEF peut aider les autorités fédérales à atteindre leur but. Et la réunion de Davos est, de ce point de vue, autant une scène qu’un levier pour se faire entendre. A condition de ne pas en perdre le contrôle. Terminons sur une note positive, et entrepreneuriale. Pour la première fois, L’Agefi est partenaire du Prix Strategis, qui récompense depuis plus de 30 ans la meilleure start-up du pays. Nous avons dressé le portrait des cinq finalistes, Green-Y Energy, Heketiss, Lightium, Qaptis, et Yeastup. Chacune innove et tente de résoudre un problème auquel l’économie est confrontée. Réuni par les étudiants de HEC Lausanne, un jury de professionnels rendra son verdict le 1er mai. Mais les lecteurs de L’Agefi sont appelés à choisir l’entreprise qu’ils trouvent la plus prometteuse, et qui recevra le Prix du public. Pour voter, il suffit de cliquer ici. |