L’avenir radieux du gaz en Europe Par Etienne Henri De NewTech Insider & Zéro Carbone Millionnaire L’hiver arrive. Et, d’un point de vue énergétique, il s’annonce bien compliqué cette année. Alors que l’Europe s’enfonce inexorablement vers une pénurie de gaz cet hiver, certaines projections permettent d’anticiper une augmentation sans précédent de l’activité du marché gazier. Et ce, dès 2023. Demain donc. Vous avez dit paradoxe ? Explications…
En matière d’énergie, le temps long et le temps court sont décidément bien différents. Alors que l’Europe s’enfonce inexorablement vers une pénurie de gaz cet hiver, les projections dans l’après-crise permettent d’anticiper une augmentation sans précédent de l’activité du marché gazier. Et ce, dès 2023. C’est un fait, nous passerons les prochains mois sous le signe de la sobriété énergétique – voire des pénuries. Mais l’urgence de la situation a provoqué un branle-bas de combat généralisé pour rendre les infrastructures gazières européennes plus résilientes. Constatant l’impasse d’une dépendance à un unique fournisseur, les Etats européens ont multiplié les investissements cette année. Dès l’année prochaine, ils porteront leurs fruits et nos infrastructures, de transport et de stockage, entreront dans une nouvelle dimension. Adieu le flux tendu où la moindre interruption cause des trous d’air irrattrapables dans nos approvisionnements. Place à un réseau robuste, disposant de marges de sécurité… et, qui plus est, prêt pour le zéro carbone. Vers une infrastructure toujours plus dense
La crise du gaz russe a mis en lumière de manière criante l’absence de réseau unifié européen. Avec un simple changement dans l’équilibre des flux (les gazoducs se sont taris tandis que les importations de GNL ont augmenté), la situation des pays s’est inversée. L’Allemagne faisait figure de pays privilégié avec l’accès direct au gaz russe par gazoducs, lesquels lui assuraient 55 % de ses besoins annuels à bas coûts. Elle paye désormais le prix fort de ce manque de diversification, et l’absence de terminaux gaziers permettant de recevoir du gaz naturel liquéfié (GNL) en fait le pays le plus susceptible de subir des pénuries énergétiques cet hiver. L’Espagne était un "ilot énergétique" mal intégré aux réseaux gaziers et électriques européens, et subissait des variations de prix importantes par rapport à ses voisins interconnectés. L’isolement joue aujourd’hui en sa faveur, et le pays regorge de gaz tout en disposant d’une électricité bon marché. La volatilité inouïe des prix du gaz et de l’électricité, et les différences de situations entre Etats-membres, ont conduit l’UE à remettre en avant la solidarité et à multiplier les projets d’interconnexion. Le projet de gazoduc entre l’Espagne et la France, à l’arrêt depuis des années – sous la pression du gouvernement français –, est de nouveau d’actualité. Il faut dire que le coût de 3 Mds€, jugé trop important par rapport au service rendu à l’époque, apparaît maintenant dérisoire. Permettant d’acheminer jusqu’à 8 milliards de mètres cubes par an entre l’Espagne et l’Europe du nord, il permettrait à la péninsule de valoriser son accès au gaz africain et utiliser à plein ses terminaux méthaniers. Les terminaux maritimes, l’avenir du gaz
C’est en effet par la mer que transitera de plus en plus le gaz. Si les gazoducs ont pour eux la possibilité de faire transiter des volumes colossaux à bas prix, leur installation point à point ne fonctionne par définition qu’entre un pays acheteur et un pays producteur. Pire encore, ils peuvent être la cible de sabotages ou de détournement de gaz comme le passé nous l’a démontré. On en parle ici…
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