Japon, Europe : des politiques monétaires dans l’impasse - Etienne Henri -
Cette fois-ci, c’est la bonne ! A l’instar de notre Ministre de l’économie et de la souveraineté industrielle qui a, de ses propres dires, sauvé l’économie française, notre Banque centrale a vaincu l’inflation grâce à son resserrement monétaire. Grâce à sa politique volontariste de destruction de la demande (soit, en bon français, de baisse généralisée du pouvoir d’achat), elle a réussi à éviter la surchauffe économique qui nous guettait dans la période post-Covid. Dans un cri de soulagement généralisé, les citoyens peuvent la remercier d’avoir évité un scénario à l’américaine. Il aurait en effet été catastrophique pour le Vieux Continent de voir, comme aux Etats-Unis, le taux de chômage descendre à 3,9 % (7,5 % en France), ou encore le PIB par habitant bondir de +27 % entre 2020 et 2023 (+21 % en France) ! La victoire atteinte, et l’économie réelle engourdie par une hausse des taux dont la rapidité a été historique, il est désormais temps pour la BCE de tenter de ressusciter l’activité qu’elle a volontairement mise à terre. C’est, en tout cas, la version officielle – des faits – des acolytes de Christine Lagarde, qui prétendent piloter les échanges de 350 millions de personnes en jouant sur le seul levier des taux. En réalité, si la hausse des taux a bien été brutale et a, effectivement, mis au tapis des pans entiers de notre économie (investissements dans les renouvelables, immobilier et, de manière générale, tous types de projets gourmands en capitaux), la BCE est très loin de sortir d’une cure de nettoyage de son bilan. Entre la période des taux zéro et du "quoi qu’il en coûte" sanitaire, la Banque centrale a accumulé un passif que les deux dernières années n’ont absolument pas apuré. En pratique, les deux dernières années de taux hauts ont coûté à l’économie sans purger les dettes accumulées depuis plus de dix ans. La situation actuelle est similaire à celle de la fin 2019, qui avait vu une première tentative de normalisation des politiques monétaires tourner court. La BCE se retrouve dans la même situation que la Banque centrale japonaise (BoJ), qui s’est, elle aussi, embourbée dans des politiques non conventionnelles qui interdisent tout retour en arrière. Le triste précédent de la BoJ Vous avez aimé les taux zéro, et l’impact dramatique sur l’économie réelle que cause toute tentative de normalisation ? Vous adorerez les achats d’actifs, qui sont un piège encore plus redoutable...
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