Avant d’affronter Jacques Chirac au second tour de l’élection présidentielle de 2002, Jean-Marie Le Pen, disparu hier à l'âge de 96 ans, a construit les bases de sa carrière politique au Parlement européen. Encore marginalisé en France dans les années 1980, le parti d’extrême droite — fondé en 1972 par d’anciens membres de la Waffen-SS, des sympathisants néo-nazis et des nostalgiques de l’Algérie française — a profité de la puissante plateforme offerte par les institutions européennes pour élargir sa structure électorale, comme l'expliquent Laurent Geslin et Nicholas Wallace. Depuis la tribune parlementaire, Jean-Marie Le Pen lance fréquemment des attaques et des insultes. Accusé d’antisémitisme par un socialiste allemand en septembre 1988, le leader du Front national rétorque que ce dernier « est un pédophile pro-arabe et à tendance sadique ». « Pour les eurodéputés, Jean-Marie Le Pen a longtemps été perçu comme une sorte d’ovni, un nationaliste du début du XXe siècle qui poussait parfois des cris dans les couloirs », remarque le sociologue Erwann Lecoeur, spécialiste de l’extrême droite. Au cours de ses premières années à Strasbourg, Jean-Marie Le Pen était loin de critiquer ce qui s’appelait à l’époque la Communauté économique européenne (CEE). Il soutenait une « Europe des nations » et la défense de la « civilisation européenne » contre la menace soviétique. Le virage idéologique du chef de file de l’extrême droite intervient à l'issue du référendum sur le traité de Maastricht en 1992, qui instaure l’Union européenne et l’intégration politique de ses États membres. Dès lors, il n’a cessé de critiquer la « construction européenne », attaquant la bureaucratie bruxelloise qui chercherait à « détruire les nations » du continent. Merci à tous et à toutes pour votre fidélité, bonne lecture ! Pour nous partager une information, un commentaire ou simplement nous dire bonjour, écrivez-nous sur X ou à team@euractiv.fr. Sarah N'tsia Éditrice de l'Expresso |