Palworld : les Pokémon avec des flingues qui affolent Twitch | | Dans le small world du streaming de jeux vidéo, un petit nouveau s'est invité dans la cour des grands que sont Fortnite et Minecraft. Son nom ? Palworld. Le concept ? Transformer des simili-Pokémon baptisés « Pal » en machines de guerre, pour se lancer à la conquête d'un monde ouvert où tout ce qui est « trooooop mignon » sait manier la kalach... Nintendo voit rouge, Twitch et YouTube en sont déjà gagas !
« Nous avons reçu de nombreuses demandes de renseignements concernant le jeu d'une autre société sorti en janvier 2024. » Chez The Pokémon Company, la structure qui gère l'exploitation de la licence Pokémon et dont Nintendo est actionnaire à environ 30%, la pression monte. Le ton aussi. S'il le désigne sans jamais le nommer, le communiqué de presse pondu par les créateurs de ces monstres gentils chéris par plusieurs générations de gamers a le mérite d'être clair : « Nous n'avons accordé aucune autorisation pour l'utilisation de la propriété intellectuelle ou des actifs de Pokémon dans ce jeu. Nous avons l'intention d'enquêter et de prendre les mesures appropriées pour remédier à tout acte portant atteinte aux droits de propriété intellectuelle liés aux Pokémon. » Comprendre : la riposte se prépare et une armée d'avocats devrait bientôt barrer la route de Palworld, le raz de marée qui déferle actuellement sur la planète gaming. IA et menaces de mort Une ressemblance flagrante avec la bande à Pikachu qui explique en partie le succès éclair de ce jeu que l'on surnomme déjà « Pokémon with guns », mais aussi les polémiques qui l'accompagnent. Depuis le 19 janvier, date de sortie du jeu, l'équipe de développeurs est accusée de plagiat et régulièrement menacée de mort sur les réseaux sociaux par des extrémistes du pokémon que nous appellerons les « pokémistes ». Mais c'est bien le PDG de Pocketpair, ce studio japonais jusqu'ici inconnu au bataillon, le sulfureux Takuro Mizobe, qui cristallise l'essentiel des tensions. Homme au passé trouble, jalonné de scandales financiers dans l'univers des cryptomonnaies – loin de l'industrie vidéoludique, donc –, Mizobe est un fervent apôtre de l'IA générative et tout porte à croire qu'il y ait eu recours pour concevoir le gameplay et l'univers graphique de son jeu. En pompant allègrement celui de Nintendo, hurlent les pokémistes. Ce qu'il nie en bloc, évidemment, mais que des petits malins cherchent à prouver en comparant les artworks et les mensurations 3D des Pals avec celles de leurs cousins mondialement connus. Qu'importe. Cinq jours après sa sortie, Palworld s'est déjà écoulé à plus de huit millions d'exemplaires (dématérialisés). D'autant que son prix attractif (30 euros, moitié moins que ses concurrents) aide à faire péter les compteurs. La hype se répand rapidement, les plateformes de streaming et de téléchargement sont prises d'assaut. « N'importe quelle publicité est une bonne publicité », disait Andy Warhol. Une aubaine pour Twitch Avec deux millions de joueurs connectés mercredi dernier sur Steam, ce pastiche de Pokémon est même devenu le deuxième jeu payant le plus joué simultanément de l'histoire de cette plateforme de référence pour télécharger des jeux et y jouer en ligne. Coiffant au passage un monument du gaming, l'immortel Counter-Strike. Idem sur Twitch où, avec 41 millions d'heures de visionnage cumulées sur les sept derniers jours, Palworld se classe derrière l'intouchable catégorie « Discussion » (60M), mais devant les monstres sacrés du Twitch game que sont « GTA V » (40M) et « League of Legends » (34M), selon les chiffres du site SullyGnome. En France, sur la même période, près de 10 000 chaînes ont streamé le jeu, cumulant plus de trois millions d'heures. Évidemment, les gros poissons sont de la partie. Squeezie (4,9 millions d'abonnés sur Twitch), Gotaga (4,2M), Locklear (2,1M) et ZeratoR (1,5M) en tête. À eux quatre, ils ont généré plus d'un million d'heures de vues autour du jeu la semaine dernière ! Une aubaine pour la plateforme rachetée en 2014 par Amazon qui, après avoir lâché près d'un milliard de dollars pour rémunérer ses steamers l'année dernière, a été contrainte d'amputer un tiers de ses effectifs début janvier. « Même si l'activité de Twitch reste forte, la taille de l'organisation est basée, depuis un certain temps maintenant, sur une projection optimiste de notre business dans trois ans, voire plus, plutôt que sur ce qu'il est réellement aujourd'hui », avait alors confessé son CEO, Dan Clancy. C'était avant de savoir que pour accélérer sa timeline, il suffisait de donner une grosse Gatling à un Pikachu sous stéroïdes... | | | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | « Deux Américains sur cinq utilisent TikTok comme moteur de recherche. » C'est le chiffre marquant qui ressort d'une étude menée par Adobe. Pour eux, TikTok est l'endroit idéal pour obtenir des recettes de cuisine (36% des sondés), des recommandations musicales (35%), des conseils mode (30%), des avis sur certains produits (25%) et même des conseils de lecture (18%). « Poussé par le désir de comprendre cette mutation », Adobe a ainsi sondé 808 consommateurs et 251 chefs d'entreprises américains pour comprendre leurs habitudes de recherche et la manière dont les marques ajustent leur stratégie marketing. Histoire de surfer sur cette tendance qui grossit au fur et à mesure que l'âge recule. Pourquoi c'est un pavé ?
14% des baby-boomers, 29% de la Gen X, 49% des millennials et 64% de la Gen Z (!) considèrent désormais TikTok comme un moteur de recherche à part entière, au point que chez cette dernière, près d'un utilisateur sur dix privilégie désormais TikTok à Google pour effectuer ses recherches. Et les annonceurs l'ont bien compris : 54% des chefs d'entreprise sondés affirment avoir déjà utilisé le réseau social comme canal de communication. En moyenne, ils partagent un peu moins de dix publications par mois et allouent environ 15% de leur budget marketing à la création de contenu sur la plateforme pour produire des formats créatifs autour de leur produit (43%), réaliser des tests de produits ou de services (36%), créer des tutoriels vidéo (35%), raconter des anecdotes (29%) et prendre part à une trend ou à un défi (25%). Mieux : toujours selon l'étude, un propriétaire de PME sur quatre utilise des influenceurs TikTok pour la vente de produits ou la mise en avant de promotions. | UN FORMAT À LA LOUPE | | La nouvelle est tombée mardi 23 janvier, dans un article publié sur le Ads & Commerce Blog de Google : la firme de Mountain View va alimenter ses campagnes Search Ads avec Gemini, son nouveau modèle d'IA « omnisciente » dont nous vous parlions dans une précédente édition de cette newsletter. « Nous avons activement testé Gemini pour optimiser encore plus nos solutions publicitaires, et nous avons aujourd'hui le plaisir d'annoncer que Gemini est désormais intégré à l'expérience conversationnelle. C'est la première des nombreuses intégrations de Gemini à venir », tease Shashi Thakur, VP & GM Google, auteur du billet. Ce que propose Google n'est ni plus ni moins que l'automatisation du processus de création d'une campagne search. En gros, après une poignée de requêtes formulées via la boîte de dialogue, l'utilisateur n'a plus qu'à indiquer l'URL de son site Web, et l'IA génère les contenus ainsi que les mots-clés nécessaires à l'optimisation de la campagne. Pour l'instant, l'upgrade n'est disponible qu'en version bêta aux États-Unis et au Royaume-Uni. Google a d'ores et déjà précisé que l'injection de Gemini dans Search Ads serait rapidement étendue aux autres pays et qu'elle inclurait bientôt la possibilité de proposer des visuels adaptés aux besoins, mais identifiés comme générés par l'IA grâce à un filigrane invisible et des métadonnées transparentes sur l'origine du contenu. | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | Le saviez-vous ? Selon une étude de Google DeepMind qui analyse les capacités des robots conversationnels, « l'IA est plus précise lorsque vous lui demandez de faire une pause » avant de lui poser une question. Un break, en VO. Il n'en fallait pas moins pour que la branche canadienne de la marque KitKat s'en empare et assure la promotion de son mythique slogan : « Have a break, have a KitKat ». Le résultat, c'est Have AI Break : une pub d'une minute quatorze, toute en motion design, qui partage l'astuce, chiffres à l'appui. Parce que, comme précisé dans le spot, « même l'IA est meilleure après un break », ajoutez simplement « Fais une pause, et ensuite... » avant chaque requête, puis laissez la magie opérer... | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Propulsé directement dans le Top 5 des films de Netflix quelques jours après sa sortie, The Kitchen fait partie de ces belles surprises qui se multiplient depuis le virage qualitatif plutôt que quantitatif opéré suite à l'arrivée du tandem Greg Peters-Ted Sarandos à la tête de la plateforme en janvier 2023. The Kitchen, c'est le nom donné à ce quartier situé au sud de Londres, où les plus précaires vivotent comme ils peuvent dans un futur dystopique et quasi apocalyptique. « Quasi », dans le sens où la société n'a pas encore sombré dans le chaos, mais on sent dès les premiers plans du film que ça ne saurait trop tarder... Un futur proche, donc, où ce dernier îlot de logements sociaux, cerné par les luxueuses tours d'une ville qui n'en finit plus de s'embourgeoiser, est sur le point d'être rasé. C'est là, dans ce décor sur fond de tensions sociales exacerbées par une crise du logement orchestrée avec le plus grand cynisme, que va se nouer une relation père-fils entre Izi – personnage, campé par l'acteur-rappeur, Kano (Top Boy), qui pense avoir suffisamment mis de côté pour s'offrir son petit bout de paradis aseptisé – et Benji, un ado sur lequel il se retrouve obligé de veiller. « Ce qui distingue The Kitchen, c'est la façon dont ses subtiles touches de futurisme spéculatif mettent en lumière certaines réalités sur la façon dont les communautés à risque sont surveillées et comment les émeutes finissent par devenir la réponse organique de cette population à la violence soutenue par l'État », s'enthousiasme le média The Verge. Premier long métrage coréalisé par Kibwe Tavares et l'acteur Daniel Kaluuya (Get Out, Nope, Judas and the Black Messiah) – qui passe pour la première fois de l'autre côté de la caméra en citant, entre autres, La Haine (1995) comme source d'inspiration pour ce film –, The Kitchen est une franche réussite, que Télérama situe quelque part « entre Les Fils de l'homme et Black Mirror ». Le sceau de la qualité. |
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